Bordeaux, Toulouse, Lyon, Montpellier, Strasbourg, Grenoble : c'est le sextet gagnant de l'opération Campus destinée à redonner du lustre aux universités françaises pour leur donner une visibilité internationale. Cinq milliards d'euros : le prix à payer pour les sortir du fin fond des classements internationaux où elles figurent depuis plusieurs années. "C'est une nouvelle étape dans la modernisation de nos universités, en un an, elles ont été mises en mouvement après avoir été trop longtemps délaissées", a déclaré à la presse, Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, jeudi 29 mai, en référence à la loi du 17 août 2007 sur l'autonomie et au plan "Réussir en Licence", qui doit débuter à la rentrée. Sur quarante-six au départ, seuls six projets ont été retenus, regroupant 19 universités sur les 70 candidates (soit la quasi-totalité des 85 universités françaises) et 17 grandes écoles. 340.000 étudiants et 13.000 chercheurs sont impliqués. Les équipes auront six mois pour finaliser le montage immobilier et financier avec les collectivités locales. Elles bénéficieront d'un accompagnement des services du ministère. La sélection s'est faite sur appel à projets, une procédure qui tranche "avec des années de décisions opaques", a tenu à préciser Valérie Pécresse. Un jury indépendant composé de personnalités qualifiées a apprécié la qualité des projets à partir de quatre critères : l'ambition pédagogique et scientifique, l'urgence de la situation immobilière, le développement d'une vie de campus, sans oublier le caractère structurant et innovant pour l'aménagement du territoire. C'est le cas du tramway de Bordeaux ou de la rénovation du Mirail à Toulouse. A Lyon comme à Grenoble, les pôles de compétitivité ont beaucoup pesé dans la balance.
Un audit sur l'immobilier à Paris
A Montpellier, le projet proposé par les trois universités entend "instaurer un rapprochement entre pôles d'excellence : eau, agri-environnement, bio-santé, chimie, etc.". A Strasbourg enfin, le projet comprend "un volet important de développement de vie de campus en lien avec les collectivités territoriales".
Pour les candidats déçus, une session de rattrapage aura lieu le 27 juin. Mais les places sont chères : seulement quatre nouveaux projets seront retenus. Sept villes recalées de justesse font office de favorites pour rejoindre le dernier carré, en raison de leur "très fort potentiel", à condition de retoucher leur copie. Il s'agit de "Aix-Marseille, Lille, Nancy" et, en région parisienne, de "Saclay, Aubervilliers, Paris-centre et Créteil-Marne-la-Vallée", a précisé Valérie Pécresse, soulignant le "paradoxe" de Paris où pas moins de six projets différents ont été déposés lors de la première vague. "A Paris intra-muros, on a une très haute qualité scientifique mais on est confrontés dans le même temps à une situation immobilière totalement emmêlée, a-t-elle déploré, la problématique du logement et de la restauration ne sont pas concertées." Un audit sur la situation immobilière va être lancé "en lien avec la mairie de Paris". La ministre s'est également montrée séduite par le projet de Rennes qui prévoit de "relier les quatre universités par un réseau de fibre optique et qui ne comprend pas une once d'immobilier".
Rénégocier les CPER
Les cinq milliards d'euros seront issus pour une bonne part des ventes d'actions EDF de l'Etat, fin 2007. Mais la volonté de concentrer les crédits sur dix projets fait craindre de laisser bon nombre d'universités sur le bord de la route. L'Unef (premier syndicat) a ainsi salué "un effort conséquent" mais s'est inquiétée des projets "laissés pour compte" et des universités des villes moyennes. Les cinq milliards seront "placés et non consommés, a toutefois nuancé la ministre. Dans cinq ans, la dotation sera toujours là et pourra reservir". Valérie Pécresse a également répondu que "l'autonomie passe aussi par un transfert de l'immobilier aux universités". "Les autres universités ne seront pas laissées seules, nous les accompagnons dans leur volonté de modernisation aussi avec les crédits budgétaires", a-t-elle insisté. Les villes moyennes, qui accueillent 15% de la population étudiante, se sont montrées rassurées par ces annonces jeudi. "Le développement de l'enseignement supérieur dans les villes moyennes contribue aussi au maillage du territoire et à sa structuration en même temps qu'il répond à une finalité sociale de démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur et universitaire", ont-elles fait valoir, dans un communiqué.
Valérie Pécresse a enfin laissé entendre qu'il serait possible de reprendre les discussions avec les régions autour des contrats de projets 2007-2013. Un exercice somme toute assez compliqué, sachant que la signature de ces contrats début 2007 avait été arrachée de haute lutte, après des mois de blocage de la part des régions.
Michel Tendil
Les six premiers projets sélectionnés
- le projet porté par le Pôle de Recherche et d'Enseignement supérieur Université de Bordeaux sur le site Talence - Pessac - Gradignan ;
- le projet "Grenoble, Université de l'innovation" porté par l'Université Joseph-Fourier, Université Pierre Mendès-France, Université Stendhal, Institut national polytechnique de Grenoble (INPG), sous réserve que les futurs présidents d'universités confirment leur engagement dans ce projet ;
- le projet "Lyon cité Campus" porté par le Pôle de Recherche et d'Enseignement supérieur Université de Lyon, uniquement pour les campus Charles Mérieux et La Doua ;
- le projet porté par les universités de Montpellier I, II et III, sous réserve que les futurs présidents d'universités confirment leur engagement dans ce projet ;
- le projet porté par l'université de Strasbourg I, II et III (dont la fusion des universités est prévue au 1er janvier 2009), uniquement pour le campus "Historique-Esplanade"
- le projet porté par le Pôle de Recherche et d'Enseignement supérieur de Toulouse uniquement pour les sites Rangueil et Toulouse-centre.
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