Si les élections municipales de mars prochain ne font pas l'objet d'un débat spécifique lors de ce 74e congrès de l'Union sociale pour l'habitat, elles sont néanmoins dans toutes les têtes. C'est que la mixité sociale, la densité urbaine, le logement des plus pauvres, la simple construction de logements supplémentaires - fussent-ils sociaux ou privés -, sont des thèmes plus faciles à défendre au niveau national que dans une campagne municipale. Le courage politique ne suffit pas, le candidat doit aussi faire preuve de pédagogie et d'une solide connaissance de sa ville, de ses quartiers, et des citoyens qui la composent.
L'année précédant les élections municipales, on le sait, les maires ont la main plus que légère pour signer les permis de construire. L'adage "maires bâtisseurs, maires battus", que Cécile Duflot a appelé hier à faire mentir, serait bel et bien encore une réalité si on en croit les organismes HLM et les professionnels de l'immobilier en attente des sacro-saints PC (permis de construire).
"A quelques mois des municipales, ce n'est pas la période la plus facile", avait reconnu à mots couverts la ministre du Logement dans son discours d'ouverture du 74e congrès de l'Union sociale pour l'habitat, mardi 24 septembre.
La ministre sent bien aussi que le logement sera un thème de campagne très débattu car "il répond à une préoccupation des habitants de notre pays pour eux-mêmes et leurs enfants". "Le logement sera au cœur de la campagne municipale", confirme Martine Aubry. Pour la maire de Lille et présidente de Lille Métropole communauté urbaine, le logement fait partie intégrante de sa "vision de la ville" qu'elle entend proposer aux électeurs. En cela, elle rejoint l'approche de Christian Pierret, maire de Saint-Dié-les-Vosges et président de la Fédération des villes moyennes, lorsqu'il affirme : "L'habitat n'est pas seulement l'endroit où l'on habite, c'est une relation avec son environnement" social et urbain.
La mixité, un thème vendeur ?
Martine Aubry n'hésitera pas, notamment, à parler de "mixité", qu'elle soit sociale ou générationnelle, et de sa traduction dans le bâti avec la coexistence de programmes de logements intégrant à la fois du logement libre et du logement social.
Le sociologue Francis Rathier, auteur pour le CES de l'Anru d'une récente étude intitulée "Politiques de peuplement et logement. Premiers effets de la rénovation urbaine", conseille de "sortir de l'idéologie" pour aborder la mixité sociale dans une campagne électorale locale. Nul besoin d'utiliser le mot "ghetto" par exemple, ni de brandir le slogan "la mixité sociale pour tel ou tel quartier". Préférer "expliquer aux citoyens, sans raccourci, comment le candidat entend loger tout le monde dans son agglomération". Ce qui signifie présenter comment il proposera des logements de qualité et abordables pour les personnes précaires ou en relogement d'une opération de rénovation urbaine. Ce qui signifie aussi de disposer de "tous les éléments de connaissance", insiste le chercheur. Or c'est souvent là que le bât blesse : les élus (et les bailleurs sociaux aussi d'ailleurs) ne connaissent pas toujours bien le fonctionnement des quartiers. S'ils ont des statistiques à disposition, ils ignorent que deux quartiers aux mêmes caractéristiques peuvent avoir une structure sociale très différente et un fonctionnement qui n'a rien à voir.
"Je vous demande de ne pas avoir peur de parler logement social", demande tout simplement le président de l'USH Jean-Louis Dumont aux candidats. "Le logement social est un pilier de l'action locale. En termes de performance énergétique, de protection du pouvoir d'achat, de logement des jeunes, de maintien à domicile des seniors, de réaménagement des quartiers, le logement social est un atout", ajoute-t-il.
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