La question du maintien des services publics n'est pas un problème uniquement rural, comme a tenu à le rappeler Pierre Dartout, le 13 octobre, à l’Assemblée nationale, lors d'un débat organisé par l'association Décider ensemble sur le thème "mutation des services publics : quelle concertation ?". Le délégué interministériel à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar) a même souligné qu’alors que "80% de la population vit dans les aires urbaines, certains quartiers qui connaissent de fortes pressions démographiques ont des besoins très importants en matière de service public". Certaines zones rurales seraient en revanche très bien pourvues, "comme les territoires du sud-ouest de la France où la densité médicale est satisfaisante". Reste que la santé fait partie des préoccupations essentielles des Français vivant à la campagne, comme l'ont montré les récentes Assises des territoires ruraux : "C’est le problème principal des Français auquel nous allons répondre par la mise en place de maisons médicales et le financement des études de médecine en contrepartie d’un engagement des jeunes à aller s’installer dans des zones reculées", a indiqué Pierre Dartout en référence aux mesures prises dans le cadre du plan en faveur des territoires ruraux lancé en mai dernier.
Autre nouveauté révélée par certaines enquêtes d’opinion de la Datar : la demande de crèches en zones rurales est l’une des premières attentes des Français. 44% des personnes interrogées en réclament. Une préoccupation qui arrive même devant celle de la présence d’un grand service public comme la poste. En effet, 60% des Français se disent satisfaits du fonctionnement de la poste même s'ils restent attentifs au service de proximité qu’elle doit apporter. Une attente dont Jacques Savatier, directeur de l’action territoriale de la Poste, tient compte car il sait que les 17.000 points d’accueil de l'opérateur doivent perdurer "sur un marché de plus en plus ouvert à la concurrence, où la compétition internationale est dure". Selon lui, c’est "la mutation d’un service économique d’intérêt général" qui doit être menée. Une opération qui a déjà démarré puisque la Poste a investi "trois milliards d’euros pour construire un formidable appareil industriel". Pourtant, Jacques Savatier doit se rendre à l’évidence : "Les territoires les plus isolés ont du mal à se rattacher à ce service public national." Et, au-delà de la proximité, c’est le lien social qui compte aujourd’hui. Selon Pierre Dartout, "l’évolution des techniques et des technologies apporte aussi une certaine forme de déshumanisation qui déstabilise une grande partie de la population". Mais l’accord "+ de services au public", signé le 28 septembre, par lequel neuf opérateurs se sont engagés à développer une offre commune de services en milieu rural dans vingt-trois départements-pilotes (voir notre article du 28 septembre 2010 ci-contre) pourra notamment donner lieu à des "expérimentations d’accompagnement des personnes âgées pour les aider à mieux utiliser les nouvelles technologies". Pour Jean-Paul Delevoye, la question de la qualité des services publics ne doit pas masquer un autre problème : celui de l'attitude des usagers. Le médiateur de la République va jusqu’à évoquer "un consumérisme des services publics". L’ancien ministre de la Fonction publique souhaite surtout que "les valeurs républicaines du service public" soient restaurées car "si nous sommes consommateurs du service public et non plus acteurs du service public, nous basculerons de la force du droit au droit à la force". Et pour lui, ce n'est pas qu'une image : "Certains parents vont jusqu’à gifler les professeurs. Il faut donc être extrêmement attentif à la notion de respect réciproque", a-t-il insisté.
Muriel Weiss
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFom56rXarAorPEq6pmnaietKatza2qZpmlrXq2v8CgnKurXZi8r7%2FUppyroaOpsrQ%3D