"La loi ne régionalise pas le service public de l'emploi ; elle donne des perspectives de délégation par l'Etat aux régions volontaires, mais pour cela, il faut que les régions le demandent et que l'Etat l'accepte." C'est ce qu'a tenu à préciser Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi, à l'occasion d'une rencontre presse organisée le 21 septembre 2015 par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis). Après de nombreux débats sur la possibilité de confier aux régions la coordination du service public de l'emploi, la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (Notr), parue le 8 août 2015, prévoit ainsi la délégation possible aux régions volontaires de la coordination des acteurs du service public de l'emploi, dont les maisons de l'emploi, les Plie et les missions locales mais hors Pôle emploi. "Il y a eu un débat sur le sujet et la réponse a été non", a souligné le directeur général, insistant sur le fait qu'aucun pays européen n'avait fait le choix de régionaliser totalement le service public de l'emploi, y compris l'Allemagne.
Pas de régionalisation de Pôle emploi donc, mais un travail de partenariat à approfondir. Le directeur général de Pôle emploi estime ainsi qu'il faut "travailler avec les collectivités territoriales, comme nous le faisons déjà avec les départements sur l'accompagnement global des demandeurs d'emploi".
70 départements engagés dans l'accompagnement global
Jean Bassères a au passage défendu le bilan de ce dispositif critiqué par l'Association nationale des assistants de service social (Anas) dans un avis technique du 1er septembre 2015. Associant conseillers de Pôle emploi et travailleurs sociaux des départements, l'accompagnement global des chômeurs permet de traiter en même temps l'accompagnement professionnel (recherche d'emploi) et social (logement, règlement des factures, santé…) des demandeurs d'emploi. L'Anas a notamment estimé qu'il constituait une nouvelle catégorisation des demandeurs d'emploi et que les diagnostics étaient construits sans la participation des personnes concernées.
L'accompagnement global est aujourd'hui mis en oeuvre dans 70 départements. Ils devraient être 90 en 2016, d'après Jean Bassères, qui assure que le déploiement se déroule dans de bonnes conditions. Au total, 2.000 personnes, dont 1.000 conseillers Pôle emploi et 1.000 travailleurs sociaux, sont impliquées. Jean Bassères connaît toutefois manquer "encore de recul pour présenter les résultats".
L'idée du directeur général de Pôle emploi est de poursuivre les partenariats avec les collectivités, et cette fois-ci avec les régions, dans le cadre de l'accompagnement des créateurs d'entreprises. Un projet de délibération sur le sujet a été examiné par le conseil d'administration de l'institution publique le 16 septembre (voir ci-contre notre article du 18 septembre). "Les porteurs de projets, une fois qualifiés, ont besoin d'être accompagnés par des personnes qui connaissent bien leurs problématiques (business plan, développement, etc.). D'où l'idée d'aller voir les conseils régionaux sur la création d'entreprises, a expliqué Jean Bassères. Il y a un champ de coopération possible, nos compétences se complètent. Il faut qu'on y travaille." Des contacts sont en cours avec les régions sur ce sujet.
Pôle emploi, qui a mis en place 700 conseillers dédiés aux jeunes, a aussi remis au clair son mode de fonctionnement avec les missions locales : Pôle emploi se charge des jeunes à la recherche d'un emploi, les missions locales s'adressent à ceux qui ont en plus des difficultés sociales. Un accord-cadre sur le partenariat renforcé des deux réseaux, sur les trois prochaines années, a été signé dans ce sens le 10 février 2015.
Une offre de service sur la mobilité internationale
Au-delà du public spécifique jeune, Pôle emploi a déployé des conseillers entreprise, au nombre de 4.000, et 700 conseillers supplémentaires dans les quartiers de la politique de la ville. L'institution va également déployer 1.200 conseillers dédiés au contrôle de la bonne recherche d'emploi par les chômeurs.
Parallèlement à ces redéploiements, Pôle emploi lance les mesures prévues par le gouvernement comme le contrat starter (6.000 signés sur les 13.000 prévus pour l'année 2015), lancé dans le cadre du comité interministériel à l'égalité et à la citoyenneté du 6 mars, l'accompagnement intensif (350.000 personnes en bénéficient sur un objectif de 460.000) et prochainement le suivi dans l'emploi, des mesure prévues dans le cadre du plan contre le chômage de longue durée de François Rebsamen, présenté le 9 février. L'organisme devrait ainsi expérimenter en novembre un dispositif pour accompagner les demandeurs d'emploi qui retrouvent un travail après une longue période de chômage.
L'opérateur poursuit sa mutation, avec plusieurs chantiers en cours, dont la simplification de l'inscription des demandeurs d'emploi, testé en Corse et prochainement dans trois autres régions (Guyane, Franche-Comté, Picardie) avant sa généralisation début 2016 (voir encadré ci-dessous), le passage de l'accueil de flux à l'accueil sur rendez-vous et la mise en place d'une offre de service sur la mobilité internationale. D'autres expérimentations devraient avoir lieu en 2016, notamment pour améliorer le service offert aux TPE et pour les personnes en activité réduite.
Un programme chargé pour 2016, alors que le budget de Pôle emploi devrait être confirmé : une dotation de l'Etat maintenue à 1,5 milliard d'euros et une légère progression du financement par l'Unedic, qui correspond à 10% des cotisations d'assurance chômage prélevées deux ans auparavant. "Nous attendons le vote du budget mais nous n'avons pas d'inquiétude particulière", a assuré Jean Bassères qui se félicite des résultats de l'étude à mi-parcours à paraître prochainement. La satisfaction des demandeurs d'emploi a progressé de 1,6 point au premier semestre 2015 par rapport au premier semestre 2014. Des résultats qui contrebalancent un peu le rapport sévère de la Cour des comptes sur l'organisme, publié le 2 juillet, que le directeur général de Pôle emploi considère "exclusivement à charge".
Emilie Zapalski
Vers une simplification du parcours des demandeurs d'emploi
Expérimenté en Corse et bientôt dans trois autres régions (Guyane, Franche-Comté, Picardie), avant sa généralisation en 2016, le nouveau parcours du demandeur d'emploi doit permettre d'accélérer et de faciliter l'inscription à Pôle emploi et l'indemnisation des demandeurs d'emploi. Ces démarches pourront être réalisées en ligne, les chômeurs disposant d'une assistance téléphonique gratuite en cas de besoin. La démarche en agence restera possible. 1.800 jeunes volontaires en service civique seront mobilisés pour l'occasion. Objectif : aller plus vite en organisant un premier entretien permettant au conseiller référent de réaliser un diagnostic dans les deux mois après l'inscription, contre quatre actuellement, et permettre aux conseillers de consacrer plus de temps aux dossiers difficiles.
E.Z.
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