Quel avenir pour les villes moyennes et sous-préfectures ? C’est à cette question que Fabien Verdier, le maire sans étiquette de Châteaudun (Eure-et-Loir), a voulu répondre en organisant dans sa ville un premier congrès "de réflexion", les 4 et 5 novembre. Une cinquantaine de personnes le vendredi après-midi, autant le lendemain matin, ont assisté aux débats.
En guest star, Jacques Attali a ouvert le congrès par un avertissement : "Après le déclin des villes moyennes, on verra se détruire la démocratie." Il a enjoint les maires présents à ne pas se "résigner au vieillissement" et à développer ce qu’il qualifie "d’économie de la vie : la santé, l’éducation, la sécurité, la mobilité, l’alimentaire".
L’appel à un "new deal" pour les territoires
Moins pessimiste que l’ancien conseiller de François Mitterrand, Xavier Bertrand, qui intervenait en duplex, a néanmoins souligné que "derrière ce combat pour les villes moyennes, se joue une bonne part de l’avenir politique du pays".
Rappelant que la région Hauts-de-France, qu’il préside, compte vingt et une villes sous-préfectures, l’ancien ministre a réaffirmé sa foi dans "une république des territoires" et insisté sur les écueils, sans remettre en cause leur bien-fondé, des dispositifs législatifs du zéro artificialisation nette (ZAN) et des zones à faibles émissions (ZFE) qui risquent "de devenir des machines à exclure".
Xavier Bertrand a plaidé pour une vision infrarégionale de ces mesures décidées au plan national, appelant le gouvernement à "réécrire les textes" et, au-delà de la législation, à mettre en place "un new deal. Pour méritoire qu’ils sont, les programmes Action cœur de ville et Petites villes de demain ne suffiront pas".
Prenant la parole, Fabien Verdier a souhaité que ce premier congrès serve "à mettre en réseau les villes et les porteurs d’idées, pour trouver la thérapie à la désaffection des villes moyennes". S’il reconnaît les avancées de la présidence Macron, le maire de Châteaudun voudrait que l’État aille beaucoup plus loin, qu’il soit "un facilitateur et même un catalyseur" pour constituer un véritable couple entre sous-préfet et maire afin "d’aplanir les difficultés et d’adapter les normes pour que les villes sous-préfectures puissent assurer et financer les mobilités de leurs concitoyens, leurs besoins en matière d’éducation et de sécurité, qu’elles contribuent à la réindustrialisation du territoire et consolident leurs hôpitaux de proximité autour des trois disciplines indispensables : médecine, chirurgie, obstétrique (MCO)".
Lettre ouverte au président de la République
Les tables rondes qui ont suivi ont permis aux maires des villes sous-préfectures d’apporter leur témoignage et de faire part de leurs inquiétudes. Bernard Guiraud, maire de Lesparre-Médoc (Gironde), déplore qu’il soit désormais si difficile de faire avancer les projets : "Je suis d’accord pour que les services de l’État nous apportent l’ingénierie qui nous fait défaut, mais à condition qu’il nous aide et ne nous bloque pas. Nous avons aussi un vrai problème avec les associations qui multiplient les recours".
Émile Mouheb, adjoint au maire de Cernay (collectivité européenne d’Alsace), souligne que l’élu de terrain est souvent plus efficace que les services de l’État, notamment lorsqu’il s’agit de régler la question des enfants déscolarisés.
Les problèmes de mobilité ont souvent été évoqués : Karine Guillerey, adjointe aux affaires sociales du maire de Lure (Haute-Saône), regrette l’absence de lignes TGV et d’autoroutes dans son département, les déplacements étant concentrés sur deux routes nationales, la RN 19 et la RN 57.
À l’issue des deux demi-journées, la quinzaine de maires présents ou en duplex, comme la maire de Bressuire (Deux-Sèvres) Emmanuelle Ménard, ont exprimé leur satisfaction d’avoir pu se faire entendre. Une lettre ouverte devrait prochainement être adressée au président de la République et à la Première ministre, afin de les alerter sur les difficultés de ces "villes relais (qui) répondent plus que jamais aux angoisses contemporaines par leurs nombreux atouts".
"Après la tribune que nous avons cosignée fin août dans Le Monde avec Dominique Bussereau et Jean-Pierre Jouyet pour proposer un plan d’action détaillé destiné à 'remuscler' les sous-préfectures de France, ce congrès est une nouvelle étape", explique Fabien Verdier. Une seconde édition ? Rien n’est encore décidé, mais l’envie de se retrouver a été clairement exprimée.
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