Intervenant, le 21 février, devant le 21e Congrès national des internes de médecine générale, Olivier Véran ne pouvait pas manquer d'évoquer la question de l'installation de ces futurs généralistes. Et le nouveau ministre des Solidarités et de la Santé a été particulièrement clair : "Je m'opposerai à tous ceux qui prônent la coercition à l'installation. Je ne serai pas le ministre de la fin de la liberté d'installation. Pour une raison simple : cela n'a jamais fonctionné, cela ne fonctionne nulle part ailleurs, cela ne fonctionnera tout simplement pas". Des propos qui, s'ils ne sont pas véritablement une surprise, sonnent par exemple néanmoins comme une fin de non-recevoir à la récente prise de position de l'Association des petites villes de France (APVF) et au tout aussi récent rapport du Sénat sur les déserts médicaux (voir nos articles ci-dessous du 20 février et du 4 février 2020).
Des déserts médicaux "souvent plus proches qu'il n'y paraît"
Pas question en revanche de nier la réalité des déserts médicaux, même si une étude de la Drees (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistique, commune aux ministères sociaux), publiée ce mois-ci, montre que "seulement" 6% de la population vit dans un territoire sous-doté en médecins généralistes. Pour Olivier Véran, la réponse passe d'abord par la stratégie "Ma santé 2022" et plus précisément par certaines de ses mesures : suppression du numerus clausus, réforme des études médicales, développement des coopérations interprofessionnelles, création du statut de "docteur junior" pour les internes, développement du numérique...
Le ministre de la Santé a également évoqué l'élargissement des possibilités de stages durant les études médicales "dans l'ensemble des structures où s'exerce aujourd'hui la médecine : cabinets de ville, centres de santé, maisons de santé pluri-professionnelles, hôpitaux de proximité". Il a aussi cité l'obligation, prévue par la loi du 24 juillet 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé, de stages en zones sous-denses pour les internes en médecine générale. Sur ce point, le ministre n'était d'ailleurs pas venu les mains vides, puisque la prime pour ces stages en zones sous-denses va être portée de 200 à 300 euros et que la condition kilométrique va être supprimée, car "les déserts médicaux sont souvent plus proches qu'il n'y paraît".
Déjà plus de 450 projets de CPTS
En matière d'installation, Olivier Véran estime qu'"il est possible de relever le défi de l'installation en zones sous-denses". L'Isnar-IMG (Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale) publie d'ailleurs, à l'occasion de ce congrès – et à celle des élections municipales –, un guide d'une cinquantaine de pages, intitulé "Élus, jeunes & futurs médecins à la conquête de l'accès aux soins !".
Pour sa part, Olivier Véran estime que "l'attractivité des territoires passera par les dynamiques locales". Il prévoit, pour cela, de s'appuyer "sur les outils mis à disposition depuis trois ans" : l'exercice coordonné, les maisons de santé pluri-professionnelles (MSP), les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)... Il a notamment indiqué dénombrer déjà plus de 450 projets de CPTS, lancés pour la plupart à l'initiative des professionnels de santé de ville. Et cette dynamique va s'accélérer "grâce aux financements conventionnels et à l'appui apporté par les ARS".
Enfin, Olivier Véran a repris l'une des formules chocs d'Emmanuel Macron, lors de la présentation de la stratégie "Ma santé 2022" en déclarant : "L'exercice isolé doit devenir l'exception d'ici à 2022". Mais, pour le ministre de la Santé, ce bouleversement est déjà très largement admis et compris par les jeunes générations, puisque "seulement 4% des étudiants et internes ont un souhait d'installation isolée en ville".
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