« La lutte contre les violences familiales est un travail de fourmi. Il faut prendre conscience de ces violences, ne plus fermer les yeux, mais aussi savoir que l'on ne dispose pas de baguette magique. Les personnes victimes sont dans un processus, parfois un engrenage, dont il est très difficile de s'extirper seul. Les réponses se construisent forcément à plusieurs », pose la responsable du Centre communal d’action sociale (CCAS) de Saint-Junien, Joanna Servant.
Dans cette petite ville de 11 000 habitants, avec un CCAS de seulement trois agents, la mutualisation des moyens a été la seule solution pour déplacer les montagnes, avoir plus d'ambition et de pertinence dans l'organisation des réponses pour mieux prévenir et accompagner les femmes victimes de violences, même si tout existe à une trentaine de kilomètres de là, à Limoges, la ville principale de la Haute-Vienne. « Nous sommes en territoire semi-urbain et nous avons tout intérêt à travailler en complémentarité, en profitant justement des ressources qui existent à Limoges pour construire des actions sur notre commune », explique encore Joanna Servant.
Un premier contrat signé à une date symbolique
Ce travail en réseau entre les acteurs locaux (gendarmerie, travailleurs sociaux, hôpital, professionnels de santé) a été formalisé en 2019, avec la signature du premier contrat de lutte contre les violences faites aux femmes, entre la commune de Saint-Junien et la préfecture. Joanna Servant se souvient bien de la date, choisie pour être symbolique, le 3 septembre 2019. Ce qui, en abrégé, donne 3.9.19 : le numéro national de la plateforme d'écoute, d'information et d'orientation Violences Femmes Infos. « Le but pour nous était surtout de formaliser quelque chose qui préexistait et dessiner de nouvelles orientations », explique la responsable.
Cela se traduit, entre autres, par la mise en place d'une formation des nouveaux élus lors du renouvellement du conseil municipal en 2020, en partenariat avec France victimes 87, la délégation à l'égalité des droits femmes-hommes de la préfecture. La poursuite de l'organisation tous les ans, de conférences, ciné-débats, « caféministes », etc., en direction aussi du public jeune. « On ne doit pas oublier que les violences familiales génèrent d'autres violences intrafamiliales, sur les enfants, avec le risque de reproduction, comme auteur ou comme victime », souligne Joanna Servant.
Un logement réservé pour les urgences
C'est également grâce à ce réseau que le CCAS a pu saisir l'opportunité, en 2022, de devenir locataire d'un logement HLM (à raison de 200 euros par mois) qui l'intéressait. « Nous avions ce studio en ligne de mire, car il est dans un lieu discret, bien situé pour une femme ayant besoin de se cacher, éventuellement avec trois enfants. Les aides et hébergements sont très concentrés sur Limoges, donc il est précieux qu'un tel hébergement puisse être proposé sur une petite commune comme la nôtre. »
La personne est hébergée à titre gratuit et signe un contrat d'engagement de trois semaines, renouvelable si besoin. Cela n'implique pas pour le CCAS de s'immiscer davantage dans la prise en charge de la personne. « Nous assurons un accompagnement, mais là encore, en partenariat. Si la personne a besoin d'une aide médicale, psychologique, etc. nous l'orientons vers les bons interlocuteurs, nous la mettons en confiance grâce à nos contacts privilégiés. » La réciproque est vraie. Ce sont ces mêmes partenaires qui se tournent vers le CCAS pour mettre une femme à l'abri.
En cas d'urgence, si le studio est occupé et qu'une femme arrive en pleine nuit à la gendarmerie, le CCAS a maintenu la possibilité de payer une chambre d'hôtel.
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