Sans surprise - tellement le phénomène tourne au réflexe pavlovien -, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) annonce une "nette augmentation du nombre de projets étrangers tournés en France en 2016". Frédérique Bredin, la présidente du CNC, "se réjouit des premiers effets remarquables du renforcement du crédit d'impôt international (C2I), qui viennent saluer une réforme sans précédent en faveur du cinéma, de l'audiovisuel et de l'animation en France". Bien que le communiqué soit daté du 1er avril, son contenu n'a rien d'une plaisanterie, d'autant qu'il est repris par le ministère de la Culture.
Merci au PLF 2016...
Il s'agit en effet de l'impact mécanique du nouveau - gros - coup de pouce fiscal offert par la loi de finances pour 2016 du 29 décembre 2015. Celle-ci comporte trois nouvelles mesures fiscales en faveur de la localisation des tournages en France, qui font passer le total du crédit d'impôt cinéma de 53 à 98 millions d'euros, soit un quasi doublement (voir nos articles ci-contre du 5 octobre 2015 et du 4 février 2016).
Même si le vote de ces dispositions date de l'extrême fin de 2015, la probabilité qu'elles figurent dans la loi de finances pour 2016 était connue depuis suffisamment longtemps pour qu'elles aient un impact dès le premier trimestre de cette année. Dès la fin janvier 2016, la Ficam (Fédération des industries du cinéma, de l'audiovisuel et du multimédia) indiquait qu'"un retournement sensible de la situation s'est déjà opéré depuis le début de l'année", allusion discrète à la décision de Luc Besson - qui menaçait d'aller tourner à l'étranger son film "Valérian" au budget hollywoodien - d'y renoncer après avoir obtenu satisfaction dans la loi de finances.
Déjà 100 millions d'euros de retombées économiques
Selon le CNC, qui a réuni ces données en collaboration avec Film France, le réseau des commissions du film, 19 projets étrangers – films, audiovisuel et animation confondus -, ont d'ores et déjà obtenu, sur le seul premier trimestre 2016, un agrément provisoire en vue d'une réalisation en France au cours de cette année, c'est-à-dire autant de projets que sur l'ensemble de l'année 2015.
Ces 19 projets - dont le tournage reste à venir - devraient représenter un total de l'ordre de 100 millions d'euros de dépenses en France - à Paris et en régions -, "soit 3,3 fois plus que le montant de 30 millions d'euros estimé à la même période en 2015". Ils se décomposent en 72 millions d'euros pour les projets en prise de vue réelle (contre 12 millions d'euros en 2015) et 28 millions d'euros pour les projets d'animation (contre 18 millions l'an dernier).
A quand une carotte plus grosse ?
Le communiqué précise que les Etats-Unis et le Royaume-Uni restent les deux principaux pays d'origine des productions concernées, avec 14 projets et 89% des dépenses, mais on note aussi des tournages de films chinois et indiens.
Devant ces chiffres, il est difficile de nier l'impact de ce nouveau coup de pouce fiscal. Même en le rapprochant du coût de la mesure, l'impact restera très largement positif sur 2016. Il demeure néanmoins que cet effet bénéfique ne va pas manquer de s'estomper dès lors que d'autres pays européens friands de tournages internationaux, aujourd'hui rattrapés ou dépassés par la France, proposeront une plus grosse carotte fiscale. Relançant ainsi à nouveau une course au mieux-disant fiscal sans aucun équivalent dans aucun autre secteur économique... (voir nos articles ci-contre).
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