Chaque année depuis 1999, l'association Villes Internet remet son label national aux communautés de communes, villes et villages engagés dans des politiques de services numériques. Pour l'édition 2016, ce sont près de 260 collectivités locales qui ont décidé de se porter candidates. Réuni le 13 novembre dernier, le jury a décerné les fameuses "@" (arobases) aux participants, dont les initiatives et les profils révèlent toujours la dynamique et les tendances du moment. Le détail des résultats sera publié en février prochain mais on sait d'ores et déjà qu'une trentaine de communes et EPCI se sont vu attribuer cinq arobases, à l'image du palmarès 2015. Premier tour d'horizon.
Des villes à la stratégie numérique de plus en plus élaborée
Le cru primé marque une année de "records" pour l'association. Malgré un nombre de candidats stable, le nombre d'initiatives présentées par autopublication (1) a connu une très forte augmentation. Avec 5.725 initiatives saisies par les villes entre janvier 2014 et octobre 2015, la moyenne publiée par collectivités a grimpé. Il représente désormais un nombre médian de 24 initiatives par ville. La ville de Bron tient la corde avec 197 initiatives publiées. Elle est suivie par Puteaux (147) et par la petite ville de Forges-les-Eaux, 3.700 habitants, qui totalise 146 initiatives. Une situation nouvelle que Florence Durand-Tornare (fondatrice et déléguée de l'association Villes Internet) explique par l'élargissement du périmètre des politiques numériques au sein des villes. "Autrefois centrées sur leur 'site vitrine', les villes ont désormais à proposer une palette diversifiée d'applications, de solutions. Une tendance au développement qu'on pourrait qualifier de 'ville plateforme', en référence au dispositif de modernisation et de simplification Etat plateforme" ajoute-t-elle.
Une dynamique numérique impulsée par des choix politiques
On note également une participation de plus en plus forte des petites villes et des villages, depuis le lancement d'un label spécifique il y a deux ans. Ces communes de moins de 3.000 habitants représentent désormais près d'un quart des dossiers. Un dynamisme qui reflète aussi leur volonté d'aller vers le numérique. Pour autant, les équilibres territoriaux restent stables puisque, comme on le précise du côté de Villes Internet, les régions de tête – Ile-de-France, Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais et Lorraine représentant 57% des candidats – sont inchangées. A l'origine, des choix politiques forts, visant à impulser et à accélérer la décentralisation en matière de numérique au sein des territoires. Une mobilisation que l'on retrouve au niveau des départements, où le Nord (16 dossiers de participation), les Yvelines (8 dossiers) ou l'Isère (7 dossiers) se signalent par leur activité et occupent les premières places du palmarès.
Un label qui valorise les usages et les services
Si la présence plus timorée des autres territoires pose question, Florence Durand-Tornare rappelle le caractère militant du label qui consacre avant tout des initiatives numériques destinées aux citoyens. Laissant à d'autres les questions d'infrastructures, Villes Internet, a surtout misé "sur les usages et les services rendus, comme source de mobilisation pour l'ensemble de la chaîne". Un axiome toujours d'actualité qui se reflète dans les domaines d'action privilégiés par les candidats au label. Au-delà de la terminologie (vie quotidienne, accès à internet et administration numérique), ces catégories renvoient au déploiement de services numériques de proximité, à la simplification et à la dématérialisation des procédures ou encore à un important volet de médiation et d'acculturation numérique. Soit autant de problématiques qui accaparent de plus en plus les villes. A l'inverse, les thématiques de l'emploi et du développement économique – qui renvoient avant tout ici à l'employabilité – semblent moins en vogue car simplement moins "en phase" avec le label. S'il ne reflète qu'une partie de la réalité, le label 2016 semble décrire un mouvement de fond dans les territoires où les villes se tournent de plus en plus vers des politiques numériques globales, centrées sur les usages - notamment autour de la participation et de l'inclusion citoyenne. A l'heure où les chantiers du très haut débit se multiplient cette tendance est plutôt rassurante.
Ivan Eve / EVS
(1) Les villes publient leurs initiatives directement sur le site internet de l'association.
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